Un coup pour rien ...
Après une préparation intense de 2 000 Km d'entraînement en 6 mois, j'étais prêt pour "l'intégrale de Riquet" course de 240 km tout le long du canal du midi, de Marseillan (étang de Thau) à Toulouse. Je m'en faisais une joie ...
Mais je me suis fait piéger par une organisation indigente.
Bien que l'Article 4 du règlement de la course indiqué : "Un ravitaillement est prévu approximativement tous les 20-30 kilomètres". En fait, il n'y avait sur les soi-disant ravitaillements que de l'eau, quelques pommes et quelques barres de céréales. Autant dire rien pour sustenter décemment un coureur de fond.
L'organisateur a confondu "semi autonomie", ce qui devait être le cas ici, et "autosuffisance" où seule l'eau est disponible le long du parcours, comme par exemple, sur le marathon des sables.
Après avoir tant apprécié, il y a 2 ans, l'Ultr'Ardèche et ses 216 km, et 4 310 m de dénivelé, je pensais retrouver sur le canal du midi la même rigueur d'organisation.
Bien sûr, j'avais quelques vivres et 2 litres d'eau sur moi (environ 5/6 kgs), mais pas de quoi parcourir 2 fois 120 Km (un repas était prévu à mi-chemin), sans ravitaillements normaux (comme sur un 100 km habituel).
Il était impossible aux coureurs "en solo" de terminer une épreuve aussi longue, sans aide.
Seuls, ont pu finir, ceux qui avaient un accompagnant portant le nécessaire sur un vélo (et souvent une voiture).
Pourtant j'avais pris soin de m'assurer quelques semaines avant le départ de l'existence réelle des ravitaillements complets (comme sur toutes les courses). Et j'avais été rassuré : "pas de problème"... pourtant sur un parcours aussi beau, au milieu du joli chant assourdissant des cigales, ce serait une course superbe si elle était organisée correctement.
Quel gâchis !
J’ai donc perdu quelques centaines d'euros, entre l'essence et péages, les nuits d'hôtel et l'inscription à la course.
Tous les concurrents venus sans accompagnant étaient comme moi, écoeurés.
J'ai abandonné au 55e km, au ravitaillement (ou plutôt au point d'eau) de Capestang, où j'ai fait une hypoglycémie ...
Dans l'impossibilité de joindre l'organisateur ni le médecin de la course, ce sont les pompiers qui ont été appelés. Evidemment toutes les constantes étaient parfaites, pas de fièvre, pouls à 70, et tension à 13/7 ... J'avais juste faim. Mais c'était trop tard.
J'ai refusé d'être transporté à l'hôpital de Béziers, et j'ai signé la décharge habituelle. Finalement, le médecin de la course est arrivé et m'a conduit à Trèbes (à 65 km), où se trouvait le staff.
Mais je n'aurais pas dû abandonner; il aurait suffi que j'aille au restaurant (il était 19h et il y en avait un à 100m) et j'aurais pu repartir quelque temps plus tard... j'étais encore dans les temps limites de la barrière horaire, et physiquement très bien.
Sur l'instant, j'ai remis ma balise GPS et mon dossard ... et je le regrette. Bien sûr ce n'est pas pour autant que j'aurais terminé la course ... tout pouvant arriver; mais il était possible de trouver d'autre restaurant ou épicerie, et j’aurais du tenter … On ne peut pas revenir en arrière …
D'après ce qu'on m'a dit par la suite : pour la deuxième partie de la course, les points d'eau sont devenus, des ravitaillements, après les nombreuses récriminations...cela a rendu service aux coureurs des 2 autres courses du lendemain, 120 et 60 km, qui ont pu profiter de tables mieux garnies. Bien sur, les quelques concurrents des 2 autres courses, ont trouvé les ravitaillements parfaits ! … De quoi se plaint-il celui-là ?
En fait, à Capestang, là où je me suis arrêté, les 2 personnes qui tenaient le point d'eau avaient, d'eux-mêmes et de leur poche, amélioré la table avec des bananes, des Tucs, et des Chips ... mais pour moi, c'était trop tard.
J'ai entendu dire que l'organisateur voulait que "sa" course soit très difficile ... et c'est peut-être pour cela qu'il n'a prévu que de l'eau, et avoir ainsi le plus grand nombre d'abandons possibles... Pourtant, c'est une course uniquement difficile par sa distance, sans dénivelé et, à condition de ne pas affamer les concurrents, c'est très faisable quand on est habitué aux longues distances.
Ce parcours est magnifique et ce serait intéressant qu'une course soit correctement organisée ... comme sur l'Ultr'Ardèche, ou le Grand raid du Morbihan - mes références personnelles - .... Le parcours est également réalisable en "off", au plus près du canal en suivant le chemin de halage, mais il faut au moins un vélo et mieux deux, et une voiture, puisqu’un vélo casse facilement (surtout les attaches des paniers transportant les vivres). De plus, les deux rives ne sont pas toujours en continue, il faut donc veiller à ne pas se faire pièger et se retrouver dans une impasse.
L'an prochain, si la course se refait : accompagnant obligatoire ... c'est plus facile que de mettre en place des ravitos ... pourquoi s'embêter ?
La chaleur : personnellement je n’en ai pas souffert, j’ai fait en sorte d’avoir la casquette constamment mouillée et une éponge en complément; elle était prévue et moindre que la canicule des jours précédents. 33° le premier jour et autour de 30° le deuxième. Malgré l’abattage de nombreux platanes, il en reste beaucoup et de longs passages se font à l’ombre.
110 euros à L'Ultr'Ardèche ... 150 ici, sans rien d'autre qu'un ravitaillement à mi-parcours et un à l'arrivée, (soit 2 en 240 km!) pasta-party payante et repas de clôture payant ...et l'organisateur vante son prix "pas cher" ... mais tous les coureurs solo auraient accepté de payer 200 euros et avoir des ravitaillements dignes de ce nom...
Anecdote : au premier ravito à Béziers, le pauvre bénévole n'avait même pas une table de camping pour poser ses quelques pommes et ses barres de céréales, tout était à même le sol, et l'eau à un robinet de la ville. Etait-elle potable, d’ailleurs ? J’ai appris à Capestang que la plupart des prises d'eau sur le bord du canal n'étaient pas reliées à l'eau potable ... pas d'indication sur les bornes ... mais c'est vrai que dans ce cas, ce manque d'indication est de la responsabilité des municipalités ... mais une information aurait due être faite à ce sujet ... J'en ai bu ... j'espère qu'une bactérie maligne ne s'est pas trouvée dans la quantité que j'ai pu tirée !!!
Parlons de la Pasta-party : Je n'avais pas prévu d'y aller, puisque j'avais laissé ma voiture à l'arrivée à Toulouse, et je n'avais donc pas les moyens de me déplacer de l'hôtel à Marseillan-plage au gymnase de Marseillan-Village distant de plusieurs kms; mais 15 jours avant, l'organisateur joint au téléphone me dit : "pas de problème (!), tu m'appelles, je viens te chercher"... j'appelle vers 16h comme demandé et laisse un message, pour dire : j'attends... à 19h, comme je m'y attendais un peu, je n'avais toujours pas de réponse et je l'attends toujours ...évidemment, il devait avoir d'autres soucis et beaucoup de messages qu'il n'a jamais dû écouter ... mais pourquoi ne pas avoir prévu antérieurement un circuit de voitures pour les concurrents sans moyen de locomotion. C'est une chose qui ne s'improvise pas à la dernière minute, cela doit être programmé ... qui fait quoi et quand ... et pour ça il faut aussi déléguer. Le plat de pâtes du restaurant de l'hôtel était très bien et pas plus cher!
Autre incident similaire : un concurrent en solo ayant également abandonné (comme tous) voulait rentrer assez vite à Toulouse. On était à Trèbes à mi-parcours. Il cherche (chacun doit se débrouiller) et finalement l'organisateur lui dit qu'il peut l'emmener, qu'il part pour Toulouse, après le départ de l'épreuve du 120km. Rassuré d'avoir trouvé une place, il attend. L'organisateur donne le départ du 120 km et part en voiture devant les coureurs pour la traversée de la ville de Trèbes. Il s'inquiète de le voir partir sans lui et je le rassure en lui confirmant ce que j'avais entendu, à savoir qu'il précède les coureurs en voiture, juste pour la traversée de la ville, et reviendra ... on l'attend encore ... bien sûr, il est parti directement pour Toulouse !!!
Autre stupidité entendue plusieurs fois et répétée dans son "discours" de clôture : "on n'abandonne pas au 70ème kilomètre" d'un ton péremptoire et sans étayer son affirmation ... je ne sais pas après qui, il en avait...? peut-être un coureur de bon niveau, qui aurait eu une défaillance par manque de ravitaillement... mais comment peut-on soutenir ce genre de chose ! Surtout de la part de quelqu'un qui n'est pas un ultra fondeur.
Déçu, écoeuré, et plus encore. Et ici, je n’utilise que des mots châtiés … mais n’en pense pas moins !
toutes les photos sont de Jacques Raboison